Le soleil qui frappait San Diego cet après-midi me rendait aussi joyeuse que.. qu'un joueur de football américain qui vient de remporter un match. Vive la comparaison je sais, mais disons que c'était la seule phrase qui me venait à l'esprit à cet instant précis. Je sortais alors du campus, parée pour une longue promenade à travers la ville qui m'occuperait certainement le restant de la journée. Je sais, à la place de me pavaner au soleil j'aurai pu profiter de mon temps libre pour réviser les prochains examens qui me guettait mais j'étais tellement contente de revoir le soleil que je préférais sortir.

JUDAS ✙ Maman ? Ca va ? Oui oui très bien. Qu'est-ce qu'il se passe pour que tu m'appelles à cette heure-ci ? Enfin, quel genre de rocher t'est tombé dessus pour que tu décides de m'appeler tout court ?

Je percutais une jeune femme, involontairement, distraite par la voix de ma mère. Désolée, je me baissais pour ramasser ce qui lui était tombé des mains par ma faute, puis je recollais mon téléphone à l'oreille, reprenant ma marche.

JUDAS ✙ Bon écoutes, je te rappelle plus tard. C'est pas franchement le..

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que je bousculais de nouveau quelqu'un. Je raccrochais alors au nez de ma mère, je me doutais qu'elle me le reprocherait dès que je la rappellerai, mais je n'avais pas spécialement envie de tuer quelqu'un pour un simple coup de téléphone, adroite comme je l'étais. Je levais les yeux vers le visage de ma nouvelle victime d'inattention, et ce fut un véritable électrochoc.

J'avais l'impression que les gens autour de moi avançaient au ralenti, que le temps s'arrêtait peu à peu. J'étais perdu dans les yeux de l'homme que je venais de bousculer. Aucuns sons ne sortaient de ma bouche, même pas une simple excuse. Dwayn. Je venais de bousculer Dwayn. J'en étais certaine, je pourrais le reconnaître en mille malgré le fait que je ne l'avais plus revu depuis des années. Je ne savais que dire, j'étais muette, je ne bougeais pas. Je savais que ce jour finirait par arriver, mais j'étais loin de penser que ça se passerait si vite, j'étais loin d'être prête. J'étais face à lui, immobile, toujours perdue dans son regard.

Navrée de t'avoir écris un post aussi nul..

J’avais l’esprit ailleurs aujourd’hui. Il n’y avait qu’à voir le nombre de pompes que j’avais dû faire durant l’entraînement parce que je n’étais bon à rien. Il y a des jours sans et puis d’autres avec et pour moi, ce n’était point un bon jour. Au fond, cela changerait demain et il n’y avait donc rien de grave sur le fait que pour une fois, je n’étais bon à rien. En réalité, tout était beaucoup plus compliqué. Aujourd’hui, je n’arrivais tout simplement pas à m’enlever une certaine personne de mon esprit et cela me mettait dans une drôle de situation. Je la voyais partout, je sais, cela peut paraître totalement cliché et tout mais c’est ce qui se passait. A peine voyais-je, une fille blonde que je m’imaginais qu’elle était ma Judas. Je suis comme dirait certains de mes amis, un véritable cas désespéré. Je le vis bien parce que de toute façon, je ne pourrais jamais changer ce que je suis et encore moins ce que je ressens. Par exemple, j’avais dans ma propre demeure, des boites et des boites de lettres que j’écrivais depuis mes 16ans. Etant maintenant âgé de 22,je peux vous assurer, qu’il y en a un paquet qui attendre une certaine demoiselle. Pourquoi ne les ai-je jamais envoyé ? Sans doute la peur de ne point avoir de réponse, j’avais perdu de vue mon petit rayon de soleil et inutile de préciser qu’elle me manquait atrocement. Pour me changer les idées et surtout ne plus penser à mon amie perdue, je m’étais octroyer une petite journée de détentes, j’avais été mangé au restaurant en compagnie de ma mère et j’avais été faire deux trois magasins sans pourtant rien trouver d’intéressant. Cette après-midi était tout ce qu’il y a de plus normale et je ne pensais nullement qu’elle en serait autrement. J’allais sans doute passer une grande partie de mon temps à flâner dans d’autres magasins, m’acheter une glace et puis appeler une amie avec qui je passerais une partie de la fin d’après midi avant d’aller à une fête, une vie d’étudiant tout ce qu’il y a de plus normal. J’affichais le programme dans ma tête et je ne regardais pas vraiment où j’allais. Je ne pensais tout de même pas que cela me ferrait foncé dans quelqu’un, malheureusement, c’est ce qui arriva. Ce ne fut pas une petite rencontre qui ne fait nullement mal. Au contraire, la demoiselle qui m’était rentrée dedans ne m’avait nullement rentré. En réalité, je ne savais pas vraiment qui de nous deux était renté dans l’autre mais le résultat restait le même. Je ressentais une légère douleur à l’épaule qui j’étais sûr passerait dans quelques secondes. Ce n’était rien et cela me fit même sourire. Ce n’était décidément pas mon jour. Enfin, j’allais m’excuser d’avoir bousculer violent la personne en face de moi quand nos regards se croisèrent, non, ce n’était pas possible, cela ne pouvait pas arriver. Elle ne pouvait pas être la demoiselle à qui je pensais tellement. Au premier abord, je crus d’abord rêver comme si, une fois de plus, je voyais mon rayon de soleil partout où elle n’était nullement. Cette situation était tout à fait crédible me connaissant et pourtant, en y regardant de plus près, ce n’était pas un mirage. L’idée du sosie traversa mon esprit mais c’était tout bonnement stupide d’imaginer les choses de la sorte. Alors, sans même comprendre ce qui était en train de se passer, je fis un pas dans sa direction et ma main vient toucher son tendre visage comme pour m’assurer que je n’étais nullement en train de rêver. Ma Judas, elle était bien devant moi et cela me fait un bien fou. « Judie. » Je la pris dans mes bras, la serrant doucement pour ne point la casser, j’étais si contente de la voir et en même temps triste de sa longue absence, tant de questions dans ma tête et il y avait surtout cette sensation de peur comme si je ne savais pas si la fille que je serrais dans mes bras était la même qu’avant. « Tu es revenue il y a longtemps ? » J’avais besoin d’entendre cette réponse et de savoir pourquoi elle ne m’avait pas immédiatement appelée après son retour parmi nous, j’espérais un miracle là où il n’y en avait pas. Tout était bien trop compliqué aujourd’hui.