C’est un affreux mal de tête qui m’avait réveillée ce matin-là. J’avais la gueule de bois et je n’avais pas de souvenir de ce que j’avais fait la veille. J’étais perdu, si bien que j’avais cru me réveiller dans mon lit, mais j’avais pu constater que ce n’était pas le cas. J’étais dans une chambre d’hôtel. Probablement à Las Vegas, parce que c’était souvent là que je louais une chambre. Je ne fut cependant pas surprise de voir que je n’étais pas seule. À coté de moi, profondément endormi se trouvais Bleaze. Cela laissait présager quelque chose, je m’en doutais. J’étais clouée au lit, trop étourdie pour bouger, mais j’eut aussitôt le réflexe de regarder ma main gauche. Encore une fois, je put apercevoir un anneau à mon auriculaire. Et de trois. Jamais deux sans trois comme on dit si souvent. C’était maintenant la troisième fois que je me retrouvais avec Bleaze après avoir trop fêté, mariée. Je savais qu’un divorce allait s’en suivre, mais bizarrement, j’aurais préféré que non. C’était mieux ainsi évidemment, nous étions trop jeunes pour être mariés, mais cela me faisait réaliser beaucoup de choses à propos de nous. Nous étions fait pour être ensemble, ça crevait les yeux, mais nous avions notre fierté et l’avouer serait beaucoup trop nous en demander. Je n’avais toujours pas bougé du lit. Pendant que j’étais perdue dans mes pensées, Bleaze de son coté, venait d’ouvrir les yeux. «Outch, toi et moi on a encore trop fêté hier je crois.» «En effet.» Sans rien ajouter de plus je lui montra ma main, celle ou se trouvait la bague. Une bague très simple, loin de la bague en diamant. On parlait quand même d’un mariage à Las Vegas, un mariage avec un prête déguisé en Elvis, pas un mariage traditionnel, donc rien de glamour. «En tout cas, on peut dire qu‘on ne fais pas les choses à moitié toi et moi. C‘est notre troisième mariage en même pas deux ans non ?» Je dois avouer que la première fois, j’avais été un peu paniquée. Se réveiller le matin, marié, avec une gueule de bois était loin d’être la meilleure des nouvelles. Mais aujourd’hui, ça me faisait rire. C’était ridicule comme situation. «Avoue que c‘est parce que tu m‘aimes trop. Je suis tellement parfaite qu‘il faut qu‘on se marie trois fois. » J’avais dit ça sur un ton amusée. C’était inutile de paniquer, puisqu’un divorce allait s’en suivre. «Non, c‘est toi qui m‘aime trop. Il n‘y a personne de plus parfait que moi. » Je me contenta de lever les yeux au ciel avant de sortir du lit pour me diriger vers la salle de bain. Laissant la porte entrouverte parce qu'il n'y avait plus aucune gêne entre nous, j'ajouta «T'as des papiers de divorce avec toi ou pas ?» Il valait mieux prévenir que guérir, c'est pour ça qu'ils nous arrivait parfois de traîner des papiers avec nous. Sait-on jamais, cela pourrait nous être utile, comme en ce moment. À l'intérieur de moi, une petite voix aurait préféré qu'il n'y ait pas de divorce, mais cette petite voix était facile à faire taire. «Oh et Bleaze, ne pense pas te débarrasser de moi aussi vite. Crois-moi, un quatrième mariage, il y en aura un et cette fois-ci ce sera le bon. » J'avais dit ça à la blague, pour détendre l'atmosphère. Même si je le pensais, j'avais dit ça le moins sérieusement du monde. Lui et moi ça avait toujours été comme ça. Notre relation était loin d'être banale. Un éternel jeu de séduction qui n'était pas prêt de cesser.